Des Mesures pour Protéger le Parc National Naturel Macaya
Le Nouvelliste | Publié le : 09 juin 2014
A l’initiative du Ministère de l’Environnement (MDE), une visite a eu lieu samedi au Parc Macaya dans le cadre de la Journée mondiale de l’environnement, célébrée jeudi dernier. Cette visite entre dans le cadre d’un projet du gouvernement d’assurer la protection et la régénération des ressources naturelles de ce patrimoine naturel de plus de 8 700 ha, à cheval sur les départements du Sud et de la Grand’Anse.
Samedi 7 juin. 10 h. Formont, troisième section communale de Chantal, incluse dans le Parc national naturel Macaya (PNNM), bouillonne d’activités. Dans une cacophonie indescriptible, plusieurs groupes de rara chantent à tue-tête et exécutent des parades au son de tchatcha, de bambou et de cymbale. Certains d’entre eux, venant de loin, ont fait le déplacement tôt dans la matinée à pied pour le rendez-vous hors du commun : rencontrer le président Tèt Kale chez eux. Sur la route abrupte reliant les Cayes au Parc, l’on peut constater des banderoles estampillées « Bienvenue président Martelly… ». Une équipe du Conseil national d’équipements (CNE) est à pied d’œuvre sur la route depuis environ une semaine afin de la réaménager. Ce qui a permis à la vingtaine de 4x4 ainsi que des polaris de faire la route sans trop grande difficulté et plus rapidement qu’avant.
12 h 05. Un hélicoptère géant apparaît dans le ciel gris du parc qui fait 2 347 mètres d’altitude, l’une des dernières réserves de biodiversité du pays. Des représentants des Programmes des Nations unies pour le développement (PNUD) et pour l’environnement (PNUE), entres autres partenaires, descendent de l’appareil. La cérémonie s’annonce de plus en plus sérieuse. Des dizaines d’agents de l’USGPN venus à l’avance pour assurer la sécurité du premier citoyen de la nation mettent de l’ordre. Des milliers d’habitants de Formont, entre autres localités, dont des élèves en uniforme, font le déplacement pour rencontrer le président au crâne rasé. Les amateurs de rara, eux, continuent de mettre énergiquement l’animation. Au-dessus de leurs têtes, des magmas de nuages s’amoncellent. Il menace de pleuvoir de temps à autres. Macaya est d’ailleurs l’endroit du pays où il pleut le plus souvent. Selon les estimations, entre trois et six mètres cubes d’eau par an se déversent.
Entre-temps, les minutes filent. Puis les heures. On attend le président de la République et le ministre pour commencer la cérémonie. Les nouveaux venus prennent place sous une petite tonnelle érigée pour l’occasion. Les agents de sécurité sont urbi et orbi. Tout est en place. Et Soudain. Une information circule dans la foule. Le président ne viendra plus. Pourquoi ? « En raison du mauvais temps, l’hélicoptère du président a des difficultés pour atterrir car il est plus petit que celui qui est venu tout à l’heure », informe le maître de cérémonie, s’excusant auprès de tous ceux qui ont fait le déplacement, particulièrement les habitants de Macaya pour rencontrer MJM.
A cause de cet imprévu, le délégué départemental du Sud, Serge Chéry, est invité à prendre la parole au nom du président. Ce dernier a salué les habitants au nom de M. Martelly et les a remercié d’être venus en si grand nombre pour rencontrer le président. A en croire le délégué Chéry, aucun président en fonction n’a encore visité Formont. Aussi leur a-t-il promis que « celui-ci reviendra les visiter avant la fin de son quinquennat ».
D’après M. Chéry, le président voulait venir plus près des habitants pour s’enquérir des problèmes auxquels ils sont confrontés. « D’ailleurs, explique-t-il, le président est au courant des problèmes de l’école communautaire de Formont. Il est aussi au courant de l’état de la route et comme vous pouvez le constater, une équipe du CNE est en train de la réaménager. Il a en outre demandé de mettre en activité le centre de santé de la zone. » Par ailleurs, selon le directeur de l’Ecole nationale de Formont, les professeurs de cet établissement scolaire n’ont pas reçu leurs salaires depuis deux ans.
De son côté, le directeur du PNNM, Caton Paul Denis, a indiqué que le président voulait fêter la Journée mondiale de l’environnement à Formont, afin de donner une force au Projet Macaya. Ce projet répond à un double objectif : améliorer les conditions de vie des populations autour du parc et assurer la protection et la régénération des ressources naturelles de ce parc, considéré comme une des plus grandes concentrations d’espèces endémiques uniques au monde.
Les menaces du PNNM, un projet pour redresser la pente
Plus loin, le directeur du parc félicite et remercie les habitants de Formont du fait que cette localité est l’une des zones du parc à avoir subi le moindre dégât et les demande de continuer ainsi. Il faut dire que l’impact de l’homme constitue l’une des grandes menaces du parc. En effet, le PNNM est aujourd’hui menacé par la disparition de sa forêt au profit de l’agriculture de subsistance, de l’élevage et de l’industrie du bois. Même si les habitants de Formont ne coupent guère les arbres, ils pratiquent l’agriculture qui a des effets néfastes sur l’environnement du parc.
La secrétaire exécutive du Comité interministériel de l’aménagement du territoire (CIAT), Michèle Oriol, a pour sa part affirmé que le « Projet Macaya » est désormais lancé afin de protéger et conserver ce patrimoine naturel. Ce projet vise à pourvoir d’autres sources de revenus aux habitants et leur indique le type d’action qu’ils peuvent entreprendre ou pas dans le parc. Elle a également dit qu’une équipe est déjà sur place en vue de commencer le bornage du PNNM, conformément à l’arrêté présidentiel pris l’année dernière, délimitant le parc à 8 726, 14 ha. Elle n’a pas oublié de rassurer ceux qui ont des terres privées dans le PNNM qu’ils n’ont rien à craindre.
« C’est le parc que nous bornons, ce n’est pas des terres privées que l’Etat vient s'approprier, explique la secrétaire exécutive du CIAT. Mais on va demander à tous de suivre une discipline. C’est le projet qui va vous dire ce que vous pouvez ou ne pouvez pas cultiver dans le parc. Mais il va aussi vous accompagner pour que vous trouviez des moyens pour continuer à vivre avec vos familles. Cela ne concerne pas seulement Formont, mais tous les espaces se trouvant dans la zone de délimitation du PNNM tels que les Anglais, Port-à-Piment, Camp-Perrin, Beaumont. »
A la fin de la cérémonie, des ballons de football ont été distribués aux élèves et des kits alimentaires aux habitants. Les trois élèves de lycées situés dans la zone limitrophe du parc, gagnants d’un concours de dessin sur l’environnement, ont reçu respectivement un ordinateur portable, un système solaire et des ouvrages. Les hôtes ont visité une exposition de photos et textes préparée sur le parc avant de plier bagages.
Bertrand Mercéus
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