Le projet de rétablissement prochain de l'armée d'Haïti accueilli avec inquiétude

Le projet de rétablissement prochain de l'armée d'Haïti accueilli avec inquiétude: la mise en place au sein de cette armée d'un «service national de renseignement» pour suveiller "les extrémistes et les anarchistes" réveille des souvenirs noirs

Port-au-Prince, le 28 septembre 2011 - (AHP) - Le président de la commission anti-corruption du Sénat, Francois Lucas Sainvil a dit craindre mercredi que la nouvelle force armée que le president Michel Martelly veut créer ne soit pire que celle démantelée en 1995 après le retour d'exil du president Jean Bertrand Aristide.

Selon lui, l'idée de mettre sur pied une nouvelle force de sécurité en appui à la Police Nationale d'Haiti (PNH) n'est pas en soi une mauvaise chose car, la constitution haitienne reconnait l'existence de deux forces de sécurité dans le pays: la police et de l'armée.

Cependant, le parlementaire estime que la façon dont la question est abordée par le président Martelly laisse augurer de la mise en place d'une armée qui risque d'être pire que les ex-FAd'H (Forces Armées d'Haiti) dissoutes.

Il dit craindre que cette armée n'heberge des éléments à moralité douteuse, s'étant rendus coupables par le passé d'actes répréhensibles. En effet, selon des sources dignes de foi, des militaires ayant servi sous Duvalier et sous le Conseil national de gouvernement de Henri Namphy ont eté appelés par le président Martelly dans le cadre de ce projet.

Le sénateur Lucas a fait savoir qu'il n'est pas normal que seuls les membres du clan du président Martelly soient impliqués dans le dossier du retour de l'Armée, alors que c'est une question qui devrait intéresser l'ensemble des forces vives du pays.

Il a egalement souligné que l'idée de créer une armée pour réduire le taux de chomage dans le pays n'est pas une option, estimant qu'être membre d'une telle institution, devrait etre une question de vocation.

Il a dit souhaiter que le chef de l'Etat fasse le nécessaire pour permettre aux différents secteurs de la société de reagir sur ce délicat projet.

"De plus, il faut une loi cadre pour cette éventuelle nouvelle armée et des balises pour permettre de prévenir les dérives", a prévenu le parlementaire.

Pour ce qui est des sources de financement de la nouvelle armée, Francois Lucas Sainvil dit ne pas trop s'e inquiéter, soulignant que la Minustah (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d'Haiti) très budgétivoire, joue actuellement le rôle de l'armée.

Le sécrétaire exécutif de la Plateforme des Organisations haïtiennes de Défense se Droit Humains (POHDH), Anthonal Mortimé, estime lui aussi que l'élaboration du plan de sécurité incluant la mise sur pied d'une nouvelle armée devrait être le fruit d'un consensus entre les différentes forces vives du pays.

La question de la sécurité avec ses différentes dimensions sociales économiques et politiques ne doit pas être la seule affaire du chef de l'Etat et de son équipe, a fait savoir le responsable de la POHDH.

M Mortimé croit également qu'il n'y a en Haïti aucune situation qui justifie la présence d'une armée. Il a fait savoir que trouver des solutions aux graves problèmes économiques et sociaux confrontés par la population, est plus susceptible de changer la face des choses en Haïti.

Il a demandé que des débats publics soient organisés dans la presse, au Parlement et au sein des associations de la société, avant l'éventuelle élaboration d'un quelconque plan de retour de l'Armée.

Dans un document qu'il affirme avoir obtenu mardi, l'Associated Press informe que le président Martelly a l'intention de rétablir l'armée démantelée en 1995 peu après le premier retour d'exil de l'ancien président Jean Bertrand Aristide suite a un sanglant coup d'Etat militaire.

La nouvelle armée, "forte dans un premier temps de 3500 hommes, aurait pour mission de surveiller les frontières, maintenir l'ordre en temps de crise et fournir des possibiilités d'emplois aux jeunes, mais comprendraqit aussi, un «service national de renseignement», une unité spéciale qui s'occuperait "des menaces terroristes, des organisations criminelles et des réseaux de trafics illégaux". Ce service surveillerait aussi les "organisations extrémistes» et les «mouvements destinés à répandre l'anarchie».

La première cohorte de soldats serait recrutée entre les mois de novembre et janvier.

95 millions de dollars américains devraient etre consacrés à la formation et à l'équipement de cette force dans la perspective d'un départ des casques bleus du pays.

Bien que la présence de la MINUSTAH soit contestée par de nombreux secteurs de la population haïtienne pour les exactions de toutes sortes commises par certains de ses membres, le projet de retour de l'Armée pour remplacer les 12.000 casques bleus rentrés en Haïti à la demande du president interimaire Boniface Alexandre après le départ forcé du president Aristide en fevrier 2004, donne des sueurs froides en raison du caractère anti-démocratique des FADH dissoutes

Selon des sources, le projet de retour de l'Armée compterait des amis au Parlement.

Si les secteurs de la communasuté internationale qui avaient appuyé la dissolution des FADH, n'ont encore fait aucune réaction publique au projet du président Martelly, toutefois, le New-York Times dénonçait récemment dans un éditorial, le fait que les plans post séisme visant à recruter et entrainer de nouveaux policiers tardent à entrer en application, en raison du fait que le nouveau président haïtien se montre plus intéressé à la création de forces armées ce dont Haïti n’a pas besoin.

Le quotidien de New-York ajoutait que si "Martelly veut voir plus d’Haïtiens sous les uniformes, il n’a qu’à travailler à mettre sur pied des institutions chargées de faire appliquer la loi, des unités de police communautaire, une police des mœurs, une police frontalière et des garde-côtes".

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